Certains termes, comme la densification urbaine, éveillent un imaginaire collectif effrayant. A peine les mots lâchés, surgissent des images de grandes tours sombres, d’espaces étriqués, anonymes et oppressants. Une vision en total désaccord et à l’opposé du cadre de vie agréable idéalisé. Mais peut-on densifier sans construire d’immeubles de plusieurs étages ? Comment concilier l’intégration de nouveaux habitants à l’utilisation équilibrée et cohérente du sol ? Le défi lancé par cette injonction fédérale préconise « une densité de qualité », d’emblée assortie de deux lignes directrices : « favoriser la densification des zones bâties et à bâtir [dans les 15 ans à venir] ». En clair, l’augmentation de la densification des grands projets en force, mais aussi de la zone 5, communément appelée « zone villas ».
Repenser les projets : Les Cherpines
Ce n’est pas la première fois que l’indice de densité maximal de 1.0 du quartier des Cherpines est remis en question. En 2011, une votation populaire à permis le déclassement des 58 ha en zone 3. Et deux articles signés par Christian Bernet dans la Tribune de Genève (juillet 2014 et septembre 2015), épinglaient la faible densité prévue dans le plan directeur de quartier (PDQ 2013) et la maîtrise d’œuvre urbaine (MOEU 2014). Présentés déjà comme une mauvaise utilisation d’un riche sol agricole déclassé.

[©Urbaplan]
Eu égard à cette accusation, d’aucuns ont également soulevé une démesure dans les équipements publics prévus. Ces critiques n’ont pourtant pas affecté l’avancement du premier plan localisé de quartier sur le secteur du Rolliet, dont l’adoption par le Grand Conseil est annoncée pour la fin de l’année.
Pensé comme un projet durable, l’indice de densité ainsi que la taille et le nombre des équipements des Cherpines répondaient alors à un besoin de consensus local et aux capacités d’absorption d’une augmentation considérable de la population communale. Notamment pour la partie sise sur Confignon, comptabilisant 65 % de la surface brute de plancher (SBP) du projet.
Or, les réserves émises par l’ARE sur le PDCn 2030 et la motion 2281 votée par le Grand Conseil, demandant une augmentation du quartier à +30 % de la densité inscrite dans les PDQ et MOEU ont suscité une vive polémique parmi les habitants et autorités des communes concernées. À Plan-les-Ouates, la résolution R118 « Pour la réalisation de l’éco-quartier des Cherpines conformément aux engagements pris » établissant une augmen-tation de densité de +10 %, au lieu du +30 % visé, a rapidement été votée et acceptée.À Confignon, en revanche, on est parti du principe que l’indice de densité seul ne suffit pas à établir la qualité de vie d’un secteur. « Certains quartiers proposent des indices élevés dont la réussite a été prouvée. D’autres des indices bas n’offrant pas obligatoirement une bonne qualité de vie à leurs habitants », lit-on dans la résolution R127 « Pour la réalisation de l’éco-quartier des Cherpines en condi-tionnant toute augmentation de la densité à un phasage détaillé en matière de mobilité », du 4 avril 2017.
Partant des études menées par le canton et des ateliers de travail réunissant les associations locales et les opérateurs avec les autorités cantonales et communales sur l’approfondissement de la variante de densification des Cherpines, le Conseil municipal arrive à la conclusion suivante : un accroissement des densités « entre 1.23 et 1.26, représentant une augmentation de 80’000 m2 SBP sur le PLQ2 dédié au logement, ne péjore pas la qualité de vie recherchée ». Pour autant, bien sûr, que des solutions minimisant les déplacements dans le périmètre des Cherpines et de la région soient offertes et que des mesures d’accompagnement limitent les éventuelles incidences négatives sur le système des transports du quartier.